THE RHODODENDRON SPECIES FOUNDATION








Sa naissance ne s'est pas faite en un jour et l'accouchement ne fut pas sans douleur.

Trois défis devaient être relevés :
1) obtenir des espèces certifiées pures ou, mieux, des formes sélectionnées si possible.
2) trouver un endroit suffisamment vaste pour les réunir et les montrer.
3) obtenir des fonds pour concrétiser les deux conditions précédentes.



  1964  


En 1964, l'identification des espèces était indescriptiblement confuse. Les graines produites dans les îles britanniques, tout particulièrement et également aux États-Unis, étaient distribuées avec les noms des espèces qui les portaient même si elles étaient issues d'une pollinisation naturelle, abondamment aidées par les abeilles portant des pollens d'autres espèces poussant à proximité.

Le besoin de spécimens authentiques et faisant référence était urgent et donc une Fondation d'Espèces de Rhododendrons fut proposée par le Dr. Milton Walker, plus tard un bienfaiteur généreux.






C'est le récit de cette aventure que je vous résume dans cet article.



Dès 1961, le Dr. Milton Walker et le Dr. Carl Phetteplace des environs d'Eugene (Oregon), ainsi que leurs contemporains de la jeune American Rhododendron Society, devenus mécontents et découragés dans leurs efforts pour constituer une collection respectable de véritables espèces de rhododendrons, portèrent l'affaire à l'A.R.S.

Tous les collectionneurs d'espèces ont expérimenté la difficulté de trouver de belles formes, et même de savoir que ce qu'ils achètent est typique de l'espèce. Nous croyons que la raison de ceci est double. Premièrement, il n'existe pas de liste officielle indiquant où l'on peut localiser des formes typiques, ou même de belles formes d'une espèce particulière ; et deuxièmement, il n'y a pas unanimité d'opinion sur ce qui constitue les formes typiques ou exceptionnellement belles.

Dans une tentative de faire quelque chose à propos de ce problème, l'American Rhododendron Society (A.R.S.) mit en place un comité de projet sur les espèces. Le comité décida que la première étape serait de localiser où les espèces étaient cultivées et par qui.
Les dix espèces sélectionnées pour l'étude pilote furent R. souliei, R. wardii, R. calophytum, R. fargesii, R. haematodes, R. didymum, R. barbatum, R. strigillosum, R. augustinii et R. hippophaeoides.

D'énormes différences et questions apparurent. Exemple pour le R. haematodes :
R. haematodes est généralement considéré comme ayant une feuille plutôt obovale ou oblongue avec le sommet assez arrondi. Cependant, nous avons trouvé dans de nombreux jardins, une forme appelée par les propriétaires, R. haematodes 'Exbury' qui diffère par la forme des feuilles. Elle est en fait plus elliptique qu'obovale avec un apex aigu, certaines feuilles étant presque lancéolées.

" Nous trouvons en vérifiant dans "The species of Rhododendron" 2e éd. que la feuille est décrite comme oblongue et obovale, avec l'apex obtus à arrondi. Aucune description n'est trouvée sur les variations de la forme de la feuille qui pourraient être interprétées pour correspondre à la forme elliptique et à l'apex aigu de la forme dite 'Exbury'.

La question se pose donc de savoir si, nous qui cultivons cette forme 'Exbury', la considérons comme un hybride, ou est-il possible que ce soit une forme de R. haematodes avec une forme de feuille différente de celle décrite comme typique ?
Il semble presque sacrilège de remettre en question un livre qui fait autant autorité que "The species of Rhododendron", mais quand il a été publié il y a trente deux ans, le rédacteur lui-même a dit dans son introduction à cette oeuvre monumentale - 'c'est donc sans aucune idée de finalité que le livre actuel apparaît'.


Autre exemple pour l'espèce R. orbiculare sous-espèce cardiobasis qui pousse dans le jardin de Halfdan Lem de Seattle :

"The Rhododendron Handbook 1956" le décrit ainsi : Un arbuste jusqu'à dix pieds, ressemblant au R. orbiculare, avec des feuilles rondes et coriaces, en forme de coeur à la base. Les fleurs à 7 lobes sont grandes, de couleur blanche ou rose, inflorescence lâche de 6-7 fleurs.
La plante de Mr. Lem correspond parfaitement à la description ci-dessus, excepté que chaque inflorescence est composée de 15 à 18 fleurs au lieu de 6-7.

Des milliers de semis d'espèces ont été cultivés à partir de graines, ici et à l'étranger, très rarement pollinisés à la main, et en conséquence l'hybridation est largement évidente. Il est maintenant très difficile de distinguer une espèce d'un hybride. Quelle sera la réponse dans 25 ou 50 ans ?
Est-ce que l'espèce pure disparaitra ? Beaucoup le pensent.


Suite à une précédente visite au Windsor Great Park, le Dr. Walker planifia une visite plus prolongée dans les îles britanniques l'été suivant.
En prévision de ce voyage, il contacta Mary Grieg (1), de l'île de Vancouver, Canada, pour savoir qui, au Canada, pourrait et voudrait prendre en charge le projet de propagation de tout ce qu'il pourrait expédier de Grande-Bretagne.
Mary Greig écrivit la lettre suivante en réponse à cette requête :

Cher Mr. Vaartnou,
Nous avons reçu une lettre du Dr. Milton Walker d'Eugene, qui est le Président du projet sur les espèces de l'American Rhododendron Society. Ceci, comme vous le savez, est un effort pour trouver, lister et éventuellement acquérir les meilleures formes d'une liste d'espèces sélectionnées chaque année.
Le Dr. Walker demande si nous pouvons suggérer quelqu'un susceptible de faire pousser des greffons et des boutures qu'ils espèrent acquérir, car il dit que les États-Unis les fumigeraient et que le Canada ne le ferait pas. Ils devraient être conservés au moins un an, voire plus longtemps.
Pensez-vous qu'il serait rentable de faire face à la quantité considérable de travail en échange d'une partie des plantes ?
Si cela peut être géré, nous pensons que du point de vue de l'Université, c'est une chance à ne pas manquer. Et si Nick [Weesjes] et Evelyn Jack (2) ne peuvent obtenir de résultats, personne d'autre n'est susceptible de le faire.
Bien sûr, nous savons que vous ne pouvez pas répondre au Dr. Walker sans une concertation avec les autorités décisionnaires, mais au moins cela semblait valoir la peine de vous écrire ... peut-être que vous écrirez au Dr.Walker.



Evelyn Weedjes dans son parc en mai 2005.


En juillet 1964, M. Vaartnou obtint du ministère de l'Agriculture du Canada une dérogation aux exigences du certificat phytosanitaire et un accord des autorités douanières pour renoncer aux procédures de quarantaine et d'inspection, permettant ainsi aux boutures de rhododendrons d'entrer librement au Canada depuis les îles britanniques.

Les donateurs britanniques furent invités à poster les boutures le lundi afin qu'elles atteignent l'Université de la Colombie Britannique (Vancouver) avant le week-end suivant. Les boutures ainsi traitées étaient parfois un peu flétries mais étaient généralement capables d'être suffisamment revitalisées pour raciner. Miss Jack était censée faire le travail sur la propagation, qui commença en août.
Pendant ce temps, M. Walker greffait lui-même des variétés particulièrement belles et avait environ 100 plantes greffées pour la nouvelle collection en Colombie-Britannique.

Au début septembre 1964, Dr. Walker envoya une lettre pour demander des boutures à :
Mr. Julian Williams, Caerhays Castle, Cornwall, Angleterre.
Mr. John Basford, Brodick Castle, Isle of Arran, Ecosse.
Mr. Frank Knight, directeur du R.H.S. Garden, Wisley, Angleterre.
Wing Commander F. L. Ingall, Corsock House, Castle Douglas, Ecosse.
Mr. John Hanvey Sen., Leggygowan, County Down, Irelande du Nord.
Mr. Archie Gibson, Glenarn, Rhu, Dunbartonshire, Ecosse.
Mr. M. Colledge, The Gardens, Logan House, Wigtownshire, Ecosse.
Mr. R. Shaw, Younger Botanical Garden, Benmore, Argyll, Ecosse.
Mr. Archie Kenneth, Stonachullin, Nr. Ardrishaig, Argyll, Ecosse.
Sir George Campbell and Ilay Campbell, Crarae Lodge, Argyll, Ecosse.
Mr. R. J. Wallis, Wakehurst, Ardingly, Sussex, Angleterre.
Dr. Harold Fletcher, Royal Botanic Garden, Edinburgh, Ecosse.


A ce moment la nouvelle Fondation avait $700 en trésorerie et les membres du Conseil d'Administration commençaient à penser sérieusement à un lieu permanent pour la future collection d'espèces de rhododendrons. Peut-être est-il plus correct de dire qu'ils envisageaient au moins 3 sites : un dans les environs d'Eugene, un quelque part entre Vancouver (Colombie Britannique) et Portland (Oregon) et un au sud d'Eugene ou en Californie pour les espèces tendres. Il n'y avait, cependant, aucune unanimité sur ce point. Le Dr. Walker et d'autres penchant pour l'idée de multiples jardins tandis que le Dr. Harold Clarke et d'autres pensaient que cela diluerait les efforts de la Fondation et qu'un jardin "central" devrait être construit, avec tous les efforts dirigés vers le financement, l'achèvement et la maintenance.

BUTS DE LA FONDATION.

Les objectifs de la Fondation, tels que définis dans les statuts, sont de mener des activités scientifiques et éducatives dans le domaine de l'horticulture, principalement avec des espèces de rhododendrons afin d'inclure l'étude, l'analyse et la classification des espèces de rhododendrons, la localisation, la sélection et la propagation des meilleures formes, et mise à la disposition de toutes les personnes intéressées par la culture des espèces de rhododendrons. Les activités de la Fondation doivent avoir une large portée et comprendre l'établissement, l'entretien et l'exploitation d'un jardin ou de jardins et d'autres installations pour l'expérimentation, la croissance et la propagation d'espèces de rhododendrons et d'autres arbrisseaux, arbres ou autres plantes.

OBJECTIFS DE LA FONDATION.

Acquérir des terres pour établir les plantations et ensuite les maintenir dans un état satisfaisant nécessiterait une dotation de l'ordre de $ 1.000.000. Le parc de rhododendrons de Windsor Great Park couvre plus de 35 acres. Pour atteindre ses objectifs, il faudrait que la Rhododendron Foundation ait au moins autant et de préférence une plus grande superficie. Il devrait y avoir un espace pour que les plantes soient cultivées sans se gêner afin que leurs caractéristiques ainsi que celles des fleurs puissent être facilement étudiées. Il faudrait non seulement de la main-d'oeuvre pour la maintenance, mais aussi une supervision technique pour que les plantes puissent être constamment surveillées par du personnel qualifié. On espère que l'acquisition des formes supérieures sera plus ou moins continue après que les formes les plus facilement disponibles en Grande-Bretagne seront arrivées chez nous. De nouvelles espèces sont encore découvertes et décrites, et si la Chine occidentale émergeait du communisme, de futures explorations fourniraient sans aucun doute de nouvelles espèces supplémentaires.




  1965  


6 octobre 1965.
Lochinch Castle : 16 boutures. Arrivées en bonne condition excepté R. charitopes qui avait des feuilles noires. Paquet envoyé d'abord à Edimbourg pour obtention du certificat phytosanitaire.
Borde Hill : 26 boutures. Arrivées en très bonne condition.
Wakehurst : 54 boutures. Boutures arrivées un peu écrasées et papier kraft de l'enveloppe trés déchiré au cours du voyage. R. hypoglaucum arrivé avec des feuilles noires.

13 octobre 1965.
Les boutures d'Edimbourg étaient trés bien empaquetées dans une boite et elles sont arrivées en excellente condition, cependant les 2 paquets de Leonardslee sont arrivés par bateau alors que l'affranchissement était par avion. Après une traversée de 3 semaines elles étaient dans un triste état.
Ont été sauvés R. cinnabarinum roylei, R. linearifolium, R. serpyllifolium and un R. trichocladum

26 octobre 1965.
A cette date nous avons reçu 13 expéditions de boutures. La dernière était en provenance de Wisley, principalement pour remplacer l'expédition de l'année dernière et cette fois-ci les boutures étaient en bonne santé.
Un troisième paquet en provenance de Leonardslee posté le même jour que les deux autres a mis 4 semaines pour arriver : les boutures présentaient un aspect déplorable.
Le dernier à arriver de Sandling Park fut expédié par bateau et la traversée prit 3 semaines. Les boutures avaient été empaquetées avec de l'herbe humide dans un sac plastique et elles étaient presque entièrement défoliées à leur arrivée.




  1968  


En 1968 il y avait plusieurs centaines d'espèces plantées dans l'ombrière de la nursery. Cet hiver fut particulièrement rude et nous perdimes beaucoup de plantes. Cela arriva à Noël avec une brutale chute de température. Tout était fermé pour les vacances, Nick (Weesjes) finalement obtint quelques balles de luzerne de la ferme de l'U.B.C. et nous fimes de notre mieux pour recouvrir les rhododendrons. Cela aida un peu mais ne fut pas suffisant pour donner une complète protection. Nous ne pouvions pas faire mieux à ce moment.

Parallélement à la collection la recherche d'un terrain continuait.

En mai, Dr. Walker envoya une lettre à tous les directeurs annonçant la tenue d'une réunion spéciale, le 3 juin 1968, dans le but de considérer l'achat de la propriété du Dr. Walker. Dans la même lettre il précisait que sa Présidence arrivait à terme et qu'il était temps que quelqu'un d'autre soit élu pour le remplacer.
Le Dr. Walker démissionna de son poste de Président avant les discussions sur l'éventuel achat d'un site de plantation. Il consentit à rester jusqu'à la fin de l'été pour diriger les soins du jardin et le déplacement des plantes de Vancouver.
Lorsqu'en octobre 1968, le temps fut venu de déplacer les plantes de Vancouver vers le nouveau jardin près d 'Eugene, des arrangements anticipés furent pris en temps opportun afin de simplifier le passage en douane à la frontière entre les États-Unis et le Canada.

Malgré notre préparation minutieuse en juillet pour les douanes, j'ai passé un mauvais moment et j'ai été renvoyé d'un fonctionnaire à l'autre et d'un poste frontalier à l'autre jusqu'à ce que nous perdions 2 heures et nous dûmes engager un courtier.
Je dus promettre d'envoyer au sous-chef des copies des statuts et des règlements, des documents d'incorporation, des dates de l'I.R.S. ,statut d'exonération fiscale et date d'enregistrement en tant que Fondation caritative dans l'état de l'Oregon.

Nous remercions tout particulièrement Ed Siegmund d'avoir pris le temps de se rendre à Vancouver et de faire tout le trajet, ainsi que d'avoir travaillé samedi et dimanche. Remerciements également à Bob Mazaney et Greenfield qui ont conduit la camionnette au Canada.
Sans l'expérience de Bob dans l'emballage des plantes nous n'aurions jamais pu mettre 800 plantes dans une camionnette de 6 mètres.





  1970  


En mai, le Dr. Walker signala au Conseil que l'état général du jardin était bon malgré des dommages importants causés par les tempêtes, surtout par la neige qui a brisé des branches mais a tué peu de plantes. En mars il y avait 1948 plantes à l'Université de British Columbia (U.B.C.). représentant 387 différentes espèces ou formes et après avoir rapporté 803 plantes dans le jardin du Dr. Walker il restait à Vancouver 1145 plantes en comptant les 758 plantes dûes à la Fondation.

À la fin de 1970, la situation financière de la Fondation s'était encore détériorée et elle devait $2500 au Dr. Walker pour les fonds qu'il avait avancés, plus 10 paiements sur le contrat de vente de terrain pour l'achat du jardin, plusieurs paiements pour l'achat d'équipement, le tout pour un total de $6200.
De plus, la Fondation avait 6 mois de retard dans le paiement du prêt bancaire et des impôts. Les pénalités et intérêts s'étaient accumulés pour un montant total de $9345,20 d'endettement.
Il n'y avait aucun espoir de réunir assez d'argent pour payer l'endettement, encore moins pour continuer l'exploitation du jardin. Une décision devenait incontournable : le jardin devait être abandonné.




  1971  


La déception et la désillusion du Dr Walker, même son amertume, sont évidentes dans sa réponse du 14 janvier 1971.

Votre souci selon lequel la collection d'espèces ne peut pas être maintenue de façon permanente dans un seul endroit maintenant que le jardin est abandonné est également au premier plan de mes pensées.
Je suis d'accord que cet objectif très important de la Fondation semble avoir échoué et nous ne pouvons qu'espérer que l'Université de B.C. conservera ces formes rares. Quand nous avons commencé, Windsor était le seul jardin public avec la perspective de pouvoir conserver indéfiniment leur belle collection d'espèces. Maintenant, je suis heureux de dire que Wakehurst et Nymans commencent tous les deux à faire une collection très complète de vraies formes de l'espèce. Cependant, je suis un peu contrarié de penser qu'un pays aussi riche que les États-Unis n'a pas jugé bon de soutenir un projet aussi modeste mais très intéressant. Je suis sûr que nous, à l'A.R.S. sommes à blâmer pour ne pas être en mesure de convaincre les gens de la valeur de notre entreprise.


Il fut décidé que les plantes seraient transférées chez Jock Bridon, ancien Président de l'A.R.S.

Ce dernier écrivait en octobre 1971 :
Des pluies presque constantes retardèrent la transplantation jusqu'à la fin d'avril et, si ce n'était l'aide apportée par les membres du Chapter d'Eugène, cette tâche n'aurait pas pu être achevée avant le temps chaud qui commença en juin.
Quelque 2 000 plantes ont été extraites et alignées temporairement dans des parterres sur lesquels un système de gicleurs a été installé.





  1972  


Une vague de froid intense toucha l'Oregon le 7 décembre 1972 et dura 4 nuits.

Partie du rapport de Jock Bridon :
Dans la Series (3) Falconeri fictolacteum, galactinum et hodgsonii sont indemnes mais falconeri, basilicum, arizelum et eximium semblent tout à fait morts. Quant aux petits plants qui étaient sous la neige dans la "lath house" (4) bien que je sache que les chances de ces grandes feuilles de repartir de la base sont minces, je les ai laissées en place.
Dans la Series Grande toutes les espèces à l'extérieur ont perdu leurs feuilles et les branches du haut sont complétement mortes. Cependant comme dans la Series Falconeri je vais les conserver jusqu'au printemps prochain avant de les enlever.
Les espèces de la Subseries Arboreum sont apparemment plus tendres que ceux de la Subseries Argyrophyllum.
Dans la première, arboreum, lanigerum, niveum et zeylanicum devront être sévérement rabattus, tandis que argyrophyllum, floribundum, hunnewellianum, hypoglaucum, insigne, ririei et thayerianum sont relativement sans taches.
La Series Fortunei s'en est fort bien tirée - diaprepes et griffithianum ont été défoliés avec peut-être un éclatement de l'écorce. Toutes les autres espèces semblent en bonne santé, particulièrement orbiculare, fargesii, calophytum et praevernum.



Une "lath house" à la pépinière Van Veen, Portland (Oregon).


A l'automne 1973, sous la garde et la direction de Jock et Edith Brydon, le nombre d'accessions avait augmenté de façon si spectaculaire et le nombre d'espèces obtenues par les Brydons était si grand qu'il est devenu évident que, très bientôt, plus d'espace et plus de travail seraient nécessaires que ce qui était possible dans le jardin de Brydon.
En conséquence, Crydon Wagner arrangea une rencontre entre le Comité de la Fondation et Mr. George Weyerhaeuser. Le Comité était composé de Wagner, qui était un parent de Weyerhaeuser, Fred Robbins et Jock Brydon. On espérait que Weyerhaeuser pourrait envisager de fournir des installations pour le jardin dans une partie du grand campus de Weyerhaeuser relié au siège social de Federal Way, près de Tacoma (Washington).




  1974  


Les négociations se déroulèrent beaucoup plus rapidement qu'on ne l'avait cru possible et une autre réunion spéciale du Conseil fut convoquée le 19 février 1974.
Sous réserve de modifications mineures, le Conseil d'Administration a demandé aux agents concernés d'exécuter l'accord, mais étant donné que le Président Robbins était en Europe à ce moment, l'accord ne fut signé qu'à son retour peu après la réunion annuelle des directeurs, le 8 mai.
Fondamentalement, l'accord donnait à la Fondation l'utilisation d'environ 24 acres (5) de terres de premier choix parfaitement adaptées à la culture du rhododendron avec peu de transformations, pour la plupart acceptées d'être prises en charge par la Compagnie Weyerhaeuser.
Weyerhaeuser devait fournir le financement et l'équipement nécessaires pour nettoyer, niveler et délimiter la zone, d'ajouter les amendements de sol nécessaires sous la forme de sciure de bois partiellement décomposée et d'azote , de construire des chemins piétonniers et des routes de service et de clôturer toute la zone pour la protection et la sécurité.
Ils convinrent de financer la construction d'une serre, d'une lath house, d'un bureau et d'un entrepôt selon les spécifications de la Fondation et d'installer des réseaux d'eau et d'électricité et de fournir tous ces services aux frais de l'entreprise.
En contrepartie Weyerhaeuser exigeait que la Fondation assume la responsabilité de son assurance et de ses propres problèmes, de procéder à l'agrandissement de sa collection de plantes, d'opérer selon son statut d'exonération fiscale et d'avoir le droit d'acheter la collection végétale au cas où la Fondation déciderait de résilier l'agrément, droit que Weyerhaeuser pourrait exercer moyennant un préavis écrit de 24 mois.

Le premier ordre du jour fut de préparer un endroit pour la collection qui devait être déplacée bientôt du jardin de Brydon près de Salem, Oregon. Un terrain d'environ 2 acres (6) fut nettoyé, amélioré et de la sciure de bois ajoutée à une profondeur d'environ 5 pouces (7) avant d'être traité avec de l'engrais et le sol labouré, créant ainsi un lit de plantation friable. La construction de la lath house et de la serre commencèrent presque immédiatement, la remise à outils et les bureaux peu de temps aprés.
A l'automne 1974, un jardinier fut embauché. Il s'appelait Kendall Gambrill, avait 29 ans, s'intéressait vivement aux espèces de rhododendrons, avait été employé par la pépinière Van Veen pendant deux ans et semblait éminemment qualifié.
En novembre 1974, le président Robbins annonça au conseil que la serre, le local et la remise à outils étaient presque terminés et que onze volontaires du groupe d'étude de Tacoma avaient ramené deux énormes camions de plantes de Salem et les avaient plantées dans les nouveaux lits de plantation, où ils passeraient les deux prochaines années pendant que leurs sites de plantation définitifs étaient préparés et organisés.

Le Dr. Walker craignait que la Foundation passe sous le contrôle de l'American Rhododendron Society, il écrivait :
Nous sommes d'accord qu'avec l'élargissement du Conseil d'Administration de la Fondation, la direction générale de la Fondation risque de s'écarter de nos objectifs initiaux. Nous ne savons pas pourquoi certains des nouveaux membres voulaient être élus, et encore moins être élus dans une organisation d'espèces. Nous suggérons de faire preuve de prudence et de mener une enquête approfondie sur les membres proposés au Conseil d'Administration ou nous nous retrouverons en minorité, nos buts et nos objectifs changés et seront finalement pris en charge par l'American Rhododendron Society.




  1975  


En novembre toutes les routes principales étaient faites, environ 1200 petits plants étaient prêts à être distribués, environ 1/3 de la surface totale avait été mélangé avec de la sciure de bois sur une profondeur de 9 ou 10 pouces et 500 à 600 livres de sulfate d'ammonium par acre avaient été étalés. On espérait que le système d'irrigation serait installé dans tout le jardin d'ici l'automne suivant afin que les plantations définitives puissent commencer.




  1976  


Jock Brydon prépara un plan global de plantation très compréhensible.

Les points importants pour la plantation sont les suivants :
La surface totale du site est de 23 acres. La serre, la pépinière, la lath house et la surface adjacente (non en condition d'être plantée pour le moment) occupent approximativement 4 acres.
L'espace estimé pour les brise-vents, les routes, les sentiers et la couverture naturelle est de 4 acres.
La surface restante pour la plantation des rhododendrons, les arbres de compagnie etc., est approximativement de 15 acres.

Dans cette zone, les espèces doivent être disposées de manière ordonnée, où elles peuvent être facilement trouvées pour étude par les visiteurs. Chaque groupe géographique devrait disposer d'un espace suffisant dès le départ afin de contenir de futures acquisitions. Pour réduire au minimum l'entretien, les plantations devraient commencer à l'extrémité nord et continuer vers le sud au fur et à mesure que d'autres plantes seront acquises. Puisque nous incluons diverses formes géographiques et cultivars de l'espèce, j'ai estimé en moyenne 5 formes par espèce et 3 plantes de chaque forme, multipliant ainsi le nombre de chaque espèce par 15 pour arriver à un nombre total de plantes à accueillir dans une zone géographique. Dans la mesure où la taille des espèces de rhododendrons varie de celle d'arbustes nains à celle des arbres forestiers, l'espace requis par plante a été basé sur la moyenne en pieds carrés requis par une plante mature. Par exemple, R. impeditum peut avoir besoin de 10 pieds carrés (8) en 20 ans alors que le R. calophytum occupera 100 pieds carrés dans le même temps. J'ai donc prévu une moyenne de 60 pieds carrés (9) par plante dans la formule pour les besoins d'espace. Par exemple, il y a 250 espèce dans la section Chine, donc la formule est 250 espèces x 15 formes x 60 pieds carrés ce qui donne 225.000 pieds carrés ou 5.6 acres (10)

ZONE GEOGRAPHIQUENOMBRE D'ESPECESSURFACE REQUISE
CHINE2505 ACRES 60
TIBET631 ACRE 25
NEPAL-SIKKIM-ASSAM-HIMALAYA-BOUTAN461 ACRE
BIRMANIE220 ACRE 50
JAPON-COREE-FORMOSE421 ACRE
AMERIQUE DU NORD240 ACRE 50
EUROPE-CAUCASE100 ACRE 25
JARDIN DES ETUDIANTS1 ACRE
TOTAL   11 ACRES 60 (11)


Ce chiffre, 11 acres 60, laisse un solde de 3,40 acres sur le total net de 15 acres pour des plantations. Cela devrait être utilisé pour accueillir divers arbres, arbustes et couvre-sol, de préférence des espèces qui sont des plantes d'accompagnement naturel pour les rhododendrons ou, au moins indigènes à la même zone géographique.

...des trois batiments, le plus impressionnant est la serre. Six longues tables offrent de la place pour des boutures. Une table est équipée avec 100% d'humidité pour faciliter les greffes. Certains rhododendrons sont difficiles à bouturer, aussi le but est d'obtenir ces plantes par greffe. Trois systèmes de mist sont contrôlés par des timers, de même que la lumière, la chaleur et le degré d'humidité.
Cette installation permettra à la Fondation d'obtenir entre 12 et 15 mille (12) boutures par an des plus belles formes existantes aujourd'hui.
Les plantes excédentaires sont actuellement offertes au coût de production aux membres de la Fondation qui ont donné $ 100 ou plus. Au fur et à mesure que le stock augmentera, les plantes seront mises à la disposition de tous les membres de la Fondation, des membres de l'American Rhododendron Society et du commerce.

Ce qui est important dans le jardin, c'est qu'il n'y aura de place que pour les formes supérieures. Chaque forme plantée sera une forme d'Award of Merit (A.M.) gagnée contre la concurrence, ou une forme supérieure provenant de jardins privés et publics des îles britanniques, du Japon, d'Amérique ou d'ailleurs, ou celle obtenue par les chasseurs de plantes d'aujourd'hui, car certains pensent que beaucoup d'espèces restent à découvrir. Chaque plante sera le type de la forme la plus belle disponible. Toutes seront des formes reconnues comme des espèces authentiques; toutes auront été identifiées par les autorités.





  1977  


Au printemps de 1977, trente-deux groupes s'étaient inscrits pour visiter le jardin, y compris un groupe de 500 personnes ou plus : les Garden Clubs of America. Dans ces conditions, il est important d'organiser des séances de formation pour les guides touristiques, car il était évident que les très grands groupes devraient être divisés en sous-groupes plus faciles à gérer, par vingt visiteurs par exemple.
Jane Rogers fut chargée de ce programme et, en avril, elle cherchait désespérément plus de volontaires. Vingt trois tours furent organisés pour une courte période de 15 jours séparés. La notoriété du jardin se répandait rapidement, bien que certains membres de la Fondation auraient préféré attendre au moins deux ans de plus pour que les plantes atteignent une taille plus impressionnante avant d'accueillir autant de visiteurs.




  1978  


Le 13 mai 1978, la Compagine Weyerhaeuser écrivait à Mr. Lawrence J. Pierce, Président de la R.S.F. :

Le but de cette lettre est d'exposer ma pensée actuelle en ce qui concerne les améliorations futures et l'expansion du programme de la Fondation ici au siège social.
Nous comprenons que pour évoluer de façon significative, il est important pour vous que vous soyez en mesure de montrer un niveau de stabilité plus élevé sur le site actuel que ce qui est possible en vertu de notre accord actuel. Pour cette raison, et afin de mettre à jour l'accord, nous avons convenu de reformuler l'accord sous la forme d'un bail et de prévoir une période de résiliation de dix ans. Je tiens encore une fois à souligner que nous continuons de désirer à soutenir la Fondation, la nature de notre soutien étant dans le domaine de la fourniture de biens immobiliers et la prise en charge de certains coûts limités associés à l'exploitation de ce site.
D'autre part, nous pensons qu'il est de la responsabilité de la Fondation et de ses membres de réunir les fonds nécessaires pour les opérations et les améliorations futures. Bien que la Compagnie Weyerhaeuser puisse, de temps à autre, sur présentation de demandes appropriées, apporter des contributions en espèces, biens ou services supérieurs à ceux auxquels nous sommes engagés en vertu du nouveau bail, nous tenons à souligner qu'il s'agit d'une révision périodique et non un engagement.





  1979  


Au printemps de 1979, la Fondation entrait dans ce que le Président Pierce aimait appeler "La Phase 2" de son développement.
Un grand nombre de changements avaient eu lieu pendant son administration et d'autres se produisaient tous les jours. La Fondation avait maintenant un bail de 20 ans sous la forme d'une propriété immobilière plutôt qu'une simple location, ce qui pourrait rassurer les donateurs potentiels quant à la pérennité de l'opération. La propriété directe de toutes les installations physiques sur les lieux, y compris la serre, les chambres froides, les locaux de bureau et de stockage, l'équipement de jardinage, les systèmes d'irrigation, les clôtures et toutes les améliorations au jardin, a été transférée de la Compagnie Weyerhaeuser à la Fondation, articles dont la valeur a été estimée à plus de $340.000. Les ventes de l'année précédente avaient dépassé $2100 et devraient atteindre $25.000 pour l'année en cours...




  1986  


L'annonce de la mort du Dr Milton V. Walker, le 17 février 1986 fut une triste nouvelle mais en même temps que l'annonce de son décés on apprenait la création d'un important fideicommis (13) pour la Fondation du Dr. et Mme Walker. La caractéristique du dévouement du Dr. Walker envers les buts et les principes de la Fondation était son insistance à ce que ce fideicommis ne soit annoncé qu'après sa mort, même s'il avait été créé plusieurs années auparavant.
De même, quand en 1970, le conseil avait adopté à l'unanimité une résolution pour nommer le jardin en l'honneur du Dr. et Mme. Walker, il avait décliné l'honneur, déclarant :
" Tant d'autres ont rendu possible la collection d'espèces que nous aurions honte qu'elle soit baptisée de notre seul nom. Nous ne désirons aucune publicité pour quelque chose qui nous a donné des heures inouïes de plaisir ".




  2017  


A l'heure actuelle, la Compagnie Weyerhaeuser aimerait récupérer son terrain. Des pourparlers sont en cours avec les dirigeants de la R.S.F.
J'ai pu voir, en mai, des panneaux dans les jardins du voisinage pour dire leur refus de voir la R.S.F. quitter l'emplacement et qu'il fallait signer une pétition allant dans ce sens.

Une importante période d'incertitude s'annonce pour la R.S.F. après des décennies de coexistence pacifique avec la Compagnie Weyerhaeuser.

J'espère qu'elle en sortira indemne.


Vue générale.







BIBLIOGRAPHIE :

History of the Rhododendron Species Foundation by Clarence Barrett. Trois cents trente six pages, paru en 1994.
Avant-propos de David G. Leach, auteur de "Rhododendrons of the world".

Diaporama











(1) Le Dr. Walker contacta Mary Grieg parce qu'elle était une pépiniériste renommée mais surtout parce que les règles d'importation de plantes aux Etats-Unis étaient draconniennes. Ces règles n'avaient pas cours entre le Canada et les Etats-Unis.

(2) Miss Evelyn Jack épousa un peu plus tard Nick Weesjes.

(3) Les espèces étaient, à cette époque, classées en "Series" et "Subseries" et non en "Section" et "Subsection".

(4) Une "lath house" est une ombrière typiquement américaine dont le toit est formé d'une planche sur deux.

(5) Surface équivalente à 9 hectares 7.

(6) Surface équivalente à 0 hectare 8.

(7) 12 cm 5.

(8) 0 m2 93.

(9) 5 m2 57.

(10) 2 hectares 27.

(11) 4 hectares 7.

(12) C'est bien "12 et 15 mille" qui est écrit. Chiffre très optimiste (?).

(13) Disposition (don, legs) par laquelle une personne (le disposant) gratifie une autre personne (le grevé de restitution) d'un bien, pour qu'elle le remette à un tiers (l'appelé ou fidéicommissaire) à l'époque fixée par le disposant (généralement à son décès).





Photos et traduction d'extraits de Marc Colombel